Le second tour des élections présidentielles en France sera entre le président sortant Emmanuel Macron et la candidate néofasciste Marine Le Pen. Comme en 2002 et en 2017, une classe politique en faillite laisse aux électeurs le choix entre un «président des riches» réactionnaire et la dirigeante du principal parti néofasciste de France. Quelle que soit le résultat de l’élection, elle produira un gouvernement d’extrême-droite qui attaquera violemment les travailleurs.
Le Parti de l’égalité socialiste (PES), section française du Comité international de la IVe Internationale (CIQI), appelle à un boycott actif du second tour. Il propose aux travailleurs et aux jeunes de ne pas voter dans ces élections et de rejeter le choix empoisonné entre Macron et Le Pen. Faire campagne pour un tel boycott signifie mener une action collective parmi les travailleurs et les jeunes pour les préparer à la confrontation qui vient avec le candidat gagnant.
Dans ces élections, les partis qui ont dominé la politique officielle pendant un demi-siècle se sont effondrés. Les gaullistes, le PS pro-patronal, et le PCF stalinien ont tous reçu moins de 5 pour cent des voix. Le Pen monte en exploitant une vaste colère sociale, surtout, avec le PS et le PCF. Elle recueille surtout des électeurs plus âgés et dans des petites communes qui étaient auparavant des fiefs électoraux du PS et du PCF mais que ces partis ont dévasté avec leurs politiques d’austérité.
Des millions d’électeurs, pour tenter de faire entendre une opposition de gauche Macron et Le Pen, ont voté pour Jean-Luc Mélenchon de la France insoumise (LFI). Ce vote reflète une radicalisation des travailleurs et les jeunes des villes après deux années de pandémie et sur fond des menaces de l’OTAN contre la Russie. Mélenchon a remporté le vote des électeurs de moins de 35 ans. Grâce aux quartiers populaires, il a remporté l’Île-de-France, Marseille, Toulouse, Lille, Montpellier et, en tout, 10 des 16 plus grandes agglomérations françaises.
Mélenchon a remporté 22 pour cent des voix, contre 23 pour cent pour Le Pen. Mais il n’a pas réagi en luttant, mais en exigeant que ses électeurs soutiennent Macron et en annonçant que ce serait sa dernière candidature présidentielle. Dimanche soir, tout en avouant que la France est face à un «état d’urgence politique», il a scandé: «Vous ne devez pas donner une seule voix à Le Pen!»
Le PES rejette avec mépris le mensonge qu’un vote Macron est une arme politique contre le danger fasciste, ou que pour s’opposer à Le Pen, il faut voter Macron. Ces arguments foulent aux pieds tous les enseignements des élections de 2017.
En 2017, face au second tour Macron-Le Pen, Mélenchon n’a donné aucune consigne de vote, prétextant que ses électeurs sauraient quoi faire. Il s’alignait sur les médias, qui insistait que les travailleurs devaient voter Macron en tant que moindre mal que Le Pen. Seul le PES, en appelant au boycott, a averti que Macron n’était pas un moindre mal. Le PES a eu raison.
Macron a poursuivi une politique violemment réactionnaire. Par décret, il a imposé la loi travail qui facilite les licenciements de masse et sabré les salaires des cheminots. Finalement, en 2018-2019, il a provoqué les manifestations des «gilets jaunes» organisé via les réseaux sociaux. Il a réagi en saluant le dictateur collaborationniste Philippe Pétain, qu’il a traité de «grand soldat» et en envoyant les forces de l’ordre contre les «gilets jaunes», avec plus de 10.000 gardes à vue et de 4.400 blessés.
Face à son impopularité, Macron a cultivé l’extrême-droite. Il n’a rien fait alors que des officiers fascisants autour du général à la retraite Pierre de Villiers ont exigé une répression plus dure des «gilets jaunes», puis agité pour un coup d’État pour restaurer «l’autorité». Son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, un sympathisant de l’Action française d’extrême-droite a fait une loi qui impose des obligations discriminatoires aux associations musulmanes. Darmanin a même traité Le Pen de «molle» contre l’Islam.
Sur la pandémie mondiale de Covid-19, il a fait la politique européenne de «vivre avec le virus.» Forcé d’abord par une vague de grèves d’imposer le confinement strict voulu par les scientifiques, il a refusé le traçage des contacts nécessaire à stopper une résurgence du virus. Le virus est donc revenu, faisant 1,8 millions de victimes en Europe dont 142.000 en France, à la différence de la Chine, où on a éliminé le virus jusqu’à sa récente réimportation de l’étranger. A présent, Macron élimine toute mesure pour limiter la contagion.
Cette année, Macron a aligné la France sur l’escalade téméraire de l’OTAN contre la Russie après l’invasion réactionnaire de l’Ukraine par Poutine. Le président américain Biden a dit que le Pentagone s’attend à 45 ou 60 millions de morts dans des guerres pour décider qui «dirigera» un «nouvel ordre mondial». Mais Macron s’aligne sur le pyromane à Washington, armant les milices nationalistes ukrainiennes d’extrême-droite et imposant des sanctions sur le commerce russe.
LFI et divers partis petit-bourgeois semblables ont œuvré pour bloquer une opposition à Macron sur sa gauche. Ils n’ont pas appelé de mobilisation de leurs électeurs en défense des «gilets jaunes», ils ont soutenu des manifestations anti-vaccin impopulaires menées par l’extrême-droite, et ils se sont alignés sur l’OTAN contre la Russie. Ainsi ils ont permis aux néofascistes de s’avancer en meilleurs opposants à Macron.
A présent, Le Pen s’avance frauduleusement en tant que défenseur des acquis sociaux. Grâce à ses liens avec des responsables russes, elle peut sembler moins agressive contre la Russie que Macron. Le recours de Macron aux violences policières et ses attaques contre les droits des musulmans banalisent aussi son amour de la police et sa politique xénophobe.
Le Pen est toutefois une néofasciste implacable qui, élue, ferait une politique aussi sanglante que Macron. Son élection ne produirait pas une renaissance de la France, mais la traînerait dans la boue.
La politique du prochain président français sera façonnée, avant tout, par la désintégration du système capitaliste mondial. Sur fond des morts en masse et la dévastation économique de la pandémie, la poussée impérialiste vers une guerre mondiale met en marche un assaut international contre les travailleurs.
Selon les sondages, 76 pour cent des Français s’inquiètent d’une guerre nucléaire. L’inquiétude monte aussi de l’explosion des prix ou des pénuries pour le pétrole, le gaz, et dans les supermarchés de l’huile de cuisson, le papier toilette et les œufs.
La grande tâche des travailleurs et des jeunes est de préparer politiquement la confrontation qui se prépare entre le prochain président et la classe ouvrière. En faisant campagne pour le boycott, le PES appelle les travailleurs et les jeunes à former des comités d’action en tant que première étape pour organiser les travailleurs et les unifier avec d’autres organisations de lutte crées par les travailleurs, ailleurs en France ou à l’international.
Dans une telle lutte, l’avant-garde révolutionnaire est essentielle. Le PES se fonde sur la continuité internationale de la lutte du CIQI pour le trotskysme, défendant les travailleurs contre la social-démocratie, le stalinisme et toutes les formes d’opportunisme petit-bourgeois.
Le vote pour Mélenchon démontre, sous la forme faussée d’une élection, que la large masse des travailleurs va à gauche. En France comme autour du monde, les travailleurs cherchent une voie pour s’opposer aux inégalités, à la guerre, à la montée de l’autoritarisme fascisant, et à la réaction criminelle de l’élite dirigeante à la pandémie. La décision de Mélenchon se s’éclipser plutôt que de lutter démontre toutefois que la seule voie pour mettre en œuvre ces sentiments est une lutte consciente pour le socialisme international.
Le PES en appelle aux travailleurs et aux jeunes qui sont d’accord avec cette politique de le contacter, de lutter pour un boycott actif de l’élection, et d’aider à construire le PES en tant que parti de masse des travailleurs en France.
Quelqu’un du Parti de l’égalité socialiste sera en contact avec vous