Près d’un an de génocide à Gaza : la voie à suivre dans la lutte contre la guerre

Alors que des millions d’étudiants font la rentrée aux universités et lycées au Royaume-Uni, un avertissement doit être lancé sans détour : la menace d’une guerre mondiale et du fascisme est aujourd’hui plus grande qu’à n’importe quel moment depuis les années 1930.

Au Moyen-Orient, le génocide à Gaza s’intensifie, tandis qu’Israël et ses alliés impérialistes continuent de provoquer une guerre plus générale avec l’Iran. En Europe, la guerre par procuration menée par les États-Unis et l’impérialisme européen contre la Russie en Ukraine a coûté la vie à environ un demi-million d’Ukrainiens et à des dizaines de milliers de Russes. La récente invasion du territoire russe par des troupes ukrainiennes armées par l’OTAN soulève plus directement que jamais la perspective d’un affrontement direct entre l’OTAN et la Russie, qui menacerait de déclencher une guerre nucléaire.

Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak a été remplacé par le gouvernement travailliste de Keir Starmer sans aucun changement de politique. Starmer était déjà profondément impliqué dans le génocide de Gaza en siégeant dans l’opposition, soutenant le droit d’Israël à poursuivre la punition collective des Palestiniens et traitant les manifestants d’extrémistes. Il soutient sans réserve la guerre en Ukraine. Et il est tout aussi engagé que ses prédécesseurs conservateurs dans les politiques d’austérité et de «COVID à perpétuité».

Des manifestants lors de la manifestation nationale à Londres contre le génocide de Gaza le 7 septembre 2024

Ces chocs politiques ont déjà commencé à radicaliser une nouvelle génération de jeunes et de travailleurs. Depuis le début du génocide à Gaza, des millions de personnes à travers le monde et des centaines de milliers au Royaume-Uni ont manifesté contre ce crime historique.

Les campus universitaires ont été le théâtre de manifestations depuis le début du génocide. Le gouvernement et les administrations universitaires ont réagi en lançant une campagne visant à éliminer la liberté d’expression sur les campus et à subordonner complètement le monde universitaire aux intérêts de l’impérialisme britannique.

En s’appuyant sur le mensonge calomnieux selon lequel l’opposition à la guerre et au génocide serait de l’« antisémitisme », ils ont intensifié la chasse aux sorcières contre les opposants au sionisme, commencée à l’époque du mandat de Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste. Des universitaires ont été menacés de suspension pour avoir pris la défense des Palestiniens. Des militants étudiants ont été exclus et arrêtés. Des campements ont été harcelés par des provocateurs d’extrême droite, par les agents de sécurité et par la police, et ont été sommés de se dissoudre.

Cette année universitaire verra de nouvelles manifestations et de plus grande ampleur. Mais cela soulève une question cruciale : comment aller de l’avant ?

Les manifestations des onze derniers mois n’ont pas réussi à mettre un terme au génocide ni aux atteintes aux droits démocratiques. Cela s’explique par le fait que jusqu’à présent, elles ont été dominées par la Campagne de solidarité avec la Palestine et la coalition Stop the War. Tout en faisant appel aux sentiments anti-impérialistes de la jeunesse avec une rhétorique radicale, ces deux organisations ont avancé une perspective qui menace de faire dérailler et de démoraliser les manifestations.

Premièrement, elles ont limité les protestations à des tentatives de faire pression sur le Parti travailliste, désormais principal complice du génocide, et sur les administrations universitaires, intimement liées au capital financier et à la machine de guerre.

Deuxièmement, elles ont tenté de dissocier le génocide de Gaza de la guerre en Ukraine et de l’histoire des décennies de guerres menées par l’impérialisme britannique, surtout en alliance avec les États-Unis. Cela a contribué à saper toute compréhension selon laquelle la cause profonde du génocide de Gaza ne réside pas dans le choix de gouvernements ou de politiciens individuels, mais dans la crise objective du capitalisme mondial et l’émergence d’un nouveau partage impérialiste du monde.

Troisièmement, elles ont cherché à orienter les protestations des étudiants et des jeunes vers la classe dirigeante et les empêcher de se tourner vers la principale force révolutionnaire de la société qui peut arrêter le génocide : la classe ouvrière internationale.

Les tâches et les dangers auxquels sont confrontés les jeunes et les travailleurs sont immenses. Le génocide à Gaza s’inscrit dans une banalisation bien plus large de la mort de masse par la classe dirigeante, qui a commencé avec la pandémie, et la banalisation d’une éventuelle guerre nucléaire contre la Russie.

Les émeutes de l’extrême droite de cet été ont montré que le Royaume-Uni n’est pas à l’abri de la menace grandissante du fascisme dans le monde. Aux États-Unis, Trump menace d’expulser massivement les immigrés et d’arrêter les opposants politiques, imitant ainsi la rhétorique des régimes fascistes. Le Rassemblement national en France et l’AfD en Allemagne ont enregistré leurs plus fortes percées électorales au cours de l’année écoulée.

La voie a été ouverte à ces forces réactionnaires par le virage à droite de la politique « traditionnelle » et la perspective sans issue de la gauche officielle, du Nouveau Front populaire en France et du Parti de gauche en Allemagne en passant par Corbyn au Royaume-Uni.

Mouvement international des jeunes et des étudiants pour l’égalité sociale (acronyme en anglais, IYSSE), organisation jeunesse du Comité international de la Quatrième Internationale, appelle donc les jeunes et les étudiants à relever le défi pour construire un mouvement socialiste anti-guerre qui s’enracinera dans une force sociale et politique entièrement différente : la classe ouvrière. Nous proposons les principes suivants comme fondements de cette lutte :

  1. La lutte contre la guerre doit être fondée sur la classe ouvrière, grande force révolutionnaire de la société. Les bureaucraties syndicales et le Parti travailliste font tout pour empêcher toute expression indépendante des intérêts et de la lutte de la classe ouvrière. Cette opposition doit être combattue par une rébellion des travailleurs de la base, qui subissent une atteinte sans précédent à leur niveau de vie. De plus, leur lutte doit être directement liée à la lutte contre la guerre.

  2. La classe dirigeante ne peut pas faire la guerre à l’étranger sans faire la guerre aux droits démocratiques et sociaux de la classe ouvrière dans son propre pays. C’est pourquoi l’opposition à la guerre est criminalisée partout. En Ukraine, le dirigeant de la jeunesse trotskiste Bogdan Syrotiuk a été arrêté parce qu’il s’est battu pour unifier les travailleurs de Russie et d’Ukraine contre la guerre. Cela souligne que la lutte contre la guerre est indissociable de la lutte pour la défense des droits sociaux et démocratiques de la classe ouvrière.

  3. La lutte contre la guerre est une lutte contre le capitalisme et pour le socialisme. Il ne peut y avoir de lutte sérieuse contre la guerre et contre les atteintes aux droits démocratiques sans une lutte pour mettre fin à la dictature du capital financier et au système économique qui est la cause fondamentale du militarisme et de la guerre.

  4. Cette lutte doit donc être menée en toute indépendance vis-à-vis de tous les partis bourgeois. Au Royaume-Uni, cela inclut surtout le Parti travailliste, qui a soutenu la violence impérialiste tout au long de son existence de plus d’un siècle.

  5. La lutte contre la guerre et la menace du fascisme ne peut aboutir qu’en tant que lutte internationale. Comme l’a déclaré le Comité international en 2016, « À la guerre permanente de la bourgeoisie, il faut opposer la perspective de la révolution permanente de la classe ouvrière, dont le but stratégique est d’abolir le système des États-nations et d’établir une fédération socialiste mondiale. Cela permettra le développement rationnel et planifié des ressources mondiales et, sur cette base, l’éradication de la pauvreté et l’expansion de la culture humaine vers de nouveaux sommets. »

Les jeunes et les étudiants ne peuvent mener une telle lutte sans entreprendre une étude sérieuse de l’histoire et du trotskisme, le marxisme du XXIe siècle. Dans les semaines et les mois à venir, l’IYSSE organisera des réunions publiques sur les campus de tout le pays au sujet de la lutte contre la guerre et le fascisme et sur la perspective du trotskisme.

Adhérez au Mouvement international des jeunes et des étudiants pour l’égalité sociale !

L’IYSSE est l’organisation étudiante et de jeunesse du mouvement trotskiste mondial, le Comité international de la Quatrième Internationale et de ses sections nationales, les Partis de l’égalité socialiste.

Le mouvement trotskiste est né de la lutte menée par Léon Trotsky contre la trahison stalinienne de la Révolution russe d’octobre 1917. Depuis plus d’un siècle, il lutte pour le programme de la révolution socialiste mondiale et contre toutes les formes d’opportunisme national. Le trotskisme représente la continuité du marxisme et la voie à suivre pour les travailleurs et les jeunes qui entrent en lutte contre l’exploitation capitaliste et la guerre impérialiste.

Pour un mouvement socialiste mondial anti-guerre des jeunes et des travailleurs !

En novembre 2022, l’IYSSE a lancé un appel aux jeunes du monde entier pour qu’ils construisent un mouvement socialiste mondial anti-guerre afin de mettre fin à la guerre par procuration des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie en Ukraine. Nous avons averti que cette guerre menaçait de dégénérer en une troisième guerre mondiale et en une catastrophe nucléaire. Onze mois plus tard, Israël a commencé le génocide à Gaza, avec le soutien total des puissances impérialistes de l’OTAN. Dans le même temps, l’impérialisme américain et ses alliés se préparent à une guerre contre la Chine.

Tous ces conflits font partie d’une guerre mondiale en émergence. Leur origine se trouve dans la crise du système capitaliste mondial. Ils ne peuvent être combattus que par la mobilisation de la principale force révolutionnaire de la société : la classe ouvrière internationale. Nous nous opposons aux politiques de réformisme, de nationalisme et aux appels lancés aux gouvernements capitalistes. Nous luttons pour l’organisation indépendante des travailleurs et des jeunes dans une lutte coordonnée à l’échelle mondiale pour le socialisme.

Défendez les droits démocratiques ! Non au fascisme ! Pour l’égalité sociale !

La guerre à l’étranger signifie la guerre à l’intérieur du pays. Les deux partis de la classe dirigeante britannique, le Parti travailliste et le Parti conservateur, sont ennemis des droits démocratiques et ont utilisé le génocide de Gaza pour intensifier les attaques contre la liberté d’expression dans le pays. L’IYSSE s’oppose à la criminalisation de l’opposition à la guerre, au Royaume-Uni et à l’étranger. En Ukraine, notre camarade, Bogdan Syrotiuk, a été arrêté par le gouvernement de Zelensky, soutenu par l’OTAN, parce qu’il s’est battu pour unifier les travailleurs russes et ukrainiens contre la guerre.

Derrière l’irruption de la guerre, du génocide et du fascisme se cachent des inégalités sociales insoutenables. Les trente dernières années de guerres incessantes ont aussi été trente années d’attaques incessantes contre le niveau de vie des masses de travailleurs. Ces conditions sont incompatibles avec la démocratie. C’est pourquoi des milliardaires comme Elon Musk soutiennent le fasciste Trump. La jeunesse doit réagir en se tournant vers la classe ouvrière et en luttant contre la cause profonde du fascisme, de la guerre et des inégalités : le capitalisme.

Lutter pour l’avenir exige de se tourner vers l’histoire !

Quand nous étions enfants, on nous disait que la « fin de l’histoire » était arrivée et que la démocratie allait s’épanouir sous la prospérité capitaliste. C’était un mensonge. Nous sommes aujourd’hui confrontés au génocide, à la guerre, à la pandémie interminable de COVID-19, à la pauvreté de masse, à la résurgence du fascisme et à une crise climatique.

On nous a répété un autre mensonge : il n’y a pas d’alternative au capitalisme. L’histoire prouve le contraire. La classe ouvrière lutte pour le socialisme depuis plus d’un siècle. Nous nous opposons aux pessimistes et aux cyniques de la « gauche » qui considèrent la classe ouvrière comme « non révolutionnaire ». La classe ouvrière a subi des défaites au XXe siècle, non pas à cause d’un manque combativité ou de capacité révolutionnaire, mais à cause des trahisons de ses dirigeants.

Les leçons de cette lutte doivent être assimilées. Elles sont contenues dans l’histoire et le programme du mouvement trotskiste, et doivent être comprises par les travailleurs, les jeunes et les étudiants révolutionnaires d’aujourd’hui.

Nous encourageons vivement les jeunes : étudiez le trotskisme, le marxisme du XXIe siècle ! Orientez-vous vers classe ouvrière ! Luttez pour le socialisme !

(Article paru en anglais le 19 septembre 2024)

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