L'autorisation par Biden pour que l'Ukraine utilise des armes américaines pour frapper en profondeur le territoire russe marque une escalade nouvelle et dangereuse dans la guerre entre les l'OTAN et la Russie. Cette décision, suivie seulement deux jours plus tard par des attaques ukrainiennes utilisant ces armes, souligne la volonté de Washington et de l'OTAN d'intensifier le conflit, quelles que soient les conséquences catastrophiques.
Mardi, l'Ukraine a attaqué une base militaire à Briansk, à 110 miles à l'intérieur de la Russie, avec des missiles ATACMS fournis par les USA. Il y a des rapports contradictoires sur le nombre de missiles tirés et le nombre de missiles abattus par les forces russes.
Le même jour, le Guardian a rapporté que Londres suivrait Washington en autorisant l'utilisation de ses missiles à longue portée pour bombarder la Russie. «Nous devons redoubler d'efforts pour soutenir l'Ukraine», a déclaré le secrétaire britannique à la Défense, John Healy. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré, en marge du sommet du G20 au Brésil, que la «rhétorique irresponsable de la Russie [...] ne va pas dissuader notre soutien à l'Ukraine».
Macron a salué l'annonce américaine, la qualifiant de «Tout à fait bonne» et de réponse appropriée au déploiement de troupes nord-coréennes en Russie. «La seule puissance qui fait une escalade dans ce conflit aujourd’hui, c’est la Russie ... c’est véritablement une rupture dans cette guerre qui a conduit à ce choix des Américains », a déclaré Macron lors du sommet du G20.
Dans les médias européens, il y a un débat intense sur la nécessité pour l'impérialisme européen d’une politique de guerre plus agressive contre la Russie, au besoin indépendamment des USA.
L'administration Biden et les puissances de l'OTAN savent que la décision d'autoriser l'utilisation d'armes à longue portée par l'Ukraine contre la Russie provoquera des représailles de Moscou. Ils franchissent sciemment et délibérément une «ligne rouge» qui, selon Poutine, conduirait à une réponse militaire, y compris le recours à l'arme nucléaire.
La décision de Biden d'autoriser l'Ukraine à utiliser des missiles à longue portée est intervenue moins de deux semaines après les élections présidentielles américaines et seulement 60 jours avant le transfert de pouvoir à Trump.
Biden cherche sans doute à créer «faits sur le terrain» pour pousser la situation de la manière la plus agressive possible. La Maison-Blanche avait voulu annoncer des frappes contre la Russie en septembre, mais a finalement voulu attendre la victoire espérée de la vice-présidente Kamala Harris pour le faire dans une campagne électorale présidentielle qui a fait le silence sur les projets imminents d’escalade militaire.
Mais l'élection s'est soldée par une victoire de l'ex-président Trump, qui avait adopté une posture démagogique d’opposant à l'escalade en Ukraine. La semaine dernière, Biden et Trump se sont rencontrés à la Maison-Blanche et ont promis une « transition fluide». En coulisse, la discussion s’est concentrée sur l'Ukraine. Trump, qui publie des dizaines de fois par jour sur sa plate-forme de médias sociaux, n'a rien dit sur l'autorisation ou l’utilisation des ATACMS par l'Ukraine.
En septembre, en réponse aux informations que les États-Unis autoriseraient des frappes de sur les villes russes, Poutine a présenté les modifications proposées à la doctrine nucléaire russe. Il a dit: « l'agression de la Russie par tout État non doté d'armes nucléaires, mais avec la participation ou le soutien d'un État doté d'armes nucléaires, doit être considérée comme une attaque conjointe contre la Fédération de Russie ».
Mardi, suite à l'attaque ukrainienne sur Bryansk, Poutine a promulgué la nouvelle stratégie nucléaire, qui abaisse considérablement le seuil d'utilisation des armes nucléaires par la Russie face aux attaques sur son territoire, y compris par «des armes conventionnelles, si une telle agression crée une menace critique pour leur souveraineté et/ou leur intégrité territoriale».
Selon les déclarations antérieures de Poutine et la nouvelle doctrine adoptée par la Fédération de Russie, la Russie pourrait potentiellement réagir à l'attaque de l'OTAN par une escalade en Ukraine ou dans d’autres guerres, des attaques contre des bases de l’OTAN en Europe ou des cibles militaires européennes, ou même par l'utilisation d'une arme nucléaire.
Quelle que soit la réaction, les gouvernements de l’OTAN semblent prêts à en assumer les conséquences. Il y a une escalade incessante. Il faut poser la question : quelle sera la prochaine étape dans l’escalade de la guerre? Dans combien de temps les armes de l’OTAN pleuvront-elles sur Moscou? Des troupes de l’OTAN interviendront-elles au sol?
Lundi, le ministre estonien des Affaires étrangères, Margus Tsahkna, a dit au Financial Times qu’il soutenait l’envoi par les puissances européennes de « troupes sur le terrain » en Ukraine. Bien que cette proposition soit évoquée dans le cadre d’un éventuel «accord de paix» orchestré par Trump, la suggestion d’un déploiement direct de l’OTAN dans le conflit a été soulevée à plusieurs reprises, notamment par Macron plus tôt cette année.
L'administration Biden, avec le soutien des puissances européennes, cherche à intensifier la guerre, ce qui rend une escalade encore plus probable. Et un nouveau gouvernement Trump, tout aussi dévouée à la poursuite impitoyable de l'hégémonie mondiale des États-Unis, sera tout aussi agressive dans la conduite de guerres à travers le monde.
La guerre de l'OTAN contre la Russie est elle-même un élément d'une guerre mondiale qui s'intensifie, avec le génocide à Gaza, le bombardement israélien du Liban et les menaces de guerre contre l'Iran, ainsi que le conflit qui se développe avec la Chine, qui obsède Trump.
L'escalade s'inscrit dans un contexte de crise politique croissante dans toutes les puissances impérialistes, de recours à des régimes autoritaires et d'une immense escalade de l'assaut contre la classe ouvrière. Les oligarques sont déterminés à subordonner toute la société à la guerre. Il faut mobiliser la classe ouvrière internationale, sur la base d'un programme socialiste, pour arrêter la descente vers la Troisième Guerre mondiale.