Des dizaines de milliers de manifestants dans les grandes et petites villes, et les banlieues à travers les États-Unis
Samedi, plus d'un million de personnes ont manifesté aux États-Unis contre la politique fascisante de l'administration Trump et le régime de l'oligarchie. Avant les événements de samedi, les organisateurs du mouvement «Bas les pattes ! » prévoyaient 1 000 manifestations rassemblant quelque 600 000 personnes dans 50 États américains, ainsi que dans plusieurs villes d'Europe.
Traduisant la colère massive ressentie parmi des millions de travailleurs, d'étudiants et de professionnels, il semble que la participation réelle ait été plus diverse et plus importante, avec plus de 1 400 manifestations aux États-Unis, dont une centaine de milliers de personnes rassemblées rien qu’à Washington DC.
D'importantes manifestations, rassemblant au moins 10 000 personnes, ont eu lieu à New York, Los Angeles, Philadelphie, Chicago, Détroit, Minneapolis et Boston. Dans des villes du Michigan, notamment à Ferndale, Dearborn et Lansing, plusieurs milliers de personnes participaient aux manifestations. Mais même dans des villes plus petites, comme Davenport, dans l'Iowa, des centaines de personnes ont manifesté – le plus grand nombre depuis les manifestations contre les violences policières qui ont suivi le meurtre de George Floyd par la police à l'été 2020.
Des manifestations internationales dénonçant Trump et son complice, le milliardaire fasciste Elon Musk, ont également eu lieu à Lisbonne (Portugal), à Londres (Royaume-Uni), à Berlin et à Francfort (Allemagne), et à Paris.
Ces manifestations s'inscrivent dans un mouvement international croissant de la classe ouvrière contre les atteintes quotidiennes à ses droits démocratiques, ses conditions sociales et son niveau de vie. Des millions de gens sont indignés par les attaques lancées contre les immigrés, les fonctionnaires fédéraux, le droit à une justice équitable et contre la science ; ainsi que par le génocide en cours à Gaza, le déclenchement d'une guerre commerciale mondiale par Trump et le règne de l'oligarchie en général. Des millions de gens ont de plus en plus le sentiment qu'une action de masse est nécessaire pour stopper la dictature et la guerre mondiale.
La plupart des rassemblements de samedi se sont déroulés sous le slogan « Bas les pattes! », une constellation de groupes proches du Parti démocrate, voire directement intégrés à celui-ci. Au plus grand rassemblement, à Washington, les représentants démocrates Jaime Raskin (Maryland) et Eric Swalwell (Californie) figuraient parmi les intervenants. Les démocrates ont loué la police et ont fait semblant de défendre les droits constitutionnels et démocratiques, sans proposer de solutions concrètes, si ce n'est l'élection des mêmes démocrates qui continuent de « se rapprocher de l'autre camp » et de favoriser le programme fasciste de Trump.
Des propositions similaires ont été avancées par des organisateurs de rassemblements et des intervenants approuvés par le Parti démocrate lors d'autres événements ; ils cherchaient à réduire la cause de la crise mondiale du capitalisme à l'individu Trump, accompagnant cela de quelques insultes à l'encontre d'Elon Musk. Le génocide à Gaza a été ignoré par ces agents du Parti démocrate qui se sont limités à en appeler au Congrès, et à appeler à voter pour les démocrates aux prochaines élections.
Plus de 10 000 personnes manifestent à Détroit
Plus de 10 000 personnes ont défilé à Détroit contre l'attaque des droits sociaux et démocratiques de la classe ouvrière par l'administration Trump et contre son génocide à Gaza. Parmi la foule figuraient des ouvriers de l'automobile, des enseignants, des bibliothécaires et des professionnels de la santé. La manifestation s'est étendue sur des kilomètres, du Detroit Institute of Arts, où se trouvent les fresques murales de Diego Rivera, jusqu'au Campus Martius, au centre-ville.
Il est significatif que lors de cette manifestation, des dirigeants du Parti de l'égalité socialiste (États-Unis), dont Joseph Kishore, Jerry White et André Damon, ont pris la parole devant la foule. Le secrétaire national du SEP (États-Unis), Joseph Kishore, a déclaré: « Cette classe dirigeante ne sera combattue et vaincue qu'au travers d'un mouvement de la classe ouvrière, la grande majorité de la population, dans une lutte pour le socialisme.»

De nombreux manifestants qui ont parlé aux reporters du World Socialist Web Site lors des différents rassemblements ont également exprimé leur compréhension du fait que le problème dépassait Trump et que de nouvelles organisations étaient nécessaires pour protéger les droits démocratiques et faire progresser l’égalité sociale.

A la manifestation de Détroit, une jeune travailleuse a déclaré au WSWS : «Je pense que nous nous mentons à nous-mêmes si nous prétendons que l'Holocauste n'est plus d'actualité, car nous avons des camps, des gens disparaissent, des gens meurent, et nous envoyons plus de gens à Guantanamo que nous prévoyons de maintenir en vie. Personne ne devrait y aller.» Elle a ajouté: «J'ai l'impression que le capitalisme nous a laissé tomber, et nos politiciens aussi.»

Plus de 100 000 personnes manifestent à Washington, DC et Baltimore contre le génocide de Gaza et l'administration Trump
Deux manifestations ont été organisées simultanément dans la capitale du pays, plus de 100000 personnes protestant contre l'administration Trump ainsi que contre le génocide en cours à Gaza, commencé sous l’administration Biden.

La manifestation « Bas les pattes ! », qui a débuté au Washington Monument sur le National Mall, était organisée par plus de 150 organisations liées au Parti démocrate. Selon les organisateurs, la foule était cinq fois plus nombreuse que prévu, s'étendant sur plusieurs pâtés de bâtiments autour du Washington Monument.
Les pancartes de protestation affichaient une hostilité particulière envers Trump et Musk. Les manifestants ont dénoncé les attaques contre les fonctionnaires et les agences fédérales, les disparitions et enlèvements de manifestants anti-génocide et d'immigrants, ainsi que contre la série de mesures de guerre commerciale annoncées par la Maison Blanche.
Alors que les députés et sénateurs du Parti démocrate et les responsables des bureaucraties syndicales cherchaient à canaliser l’opposition derrière le système bipartite, beaucoup ont réagi positivement aux déclarations du Parti de l’égalité socialiste et se sont opposés aux efforts visant à camoufler la crise politique en affirmant que l’opposition à Trump pouvait être résolue en «votant bleu» (démocrate).
«Ce président détruit le pays», a déclaré Bryce, un travailleur présent à la manifestation. « Mes parents sont des fonctionnaires fédéraux sur le point de perdre leur emploi. J'ai une amie dont le frère a failli être arrêté par l'ICE [police douanière et d’immigration] et elle essaie actuellement de s'assurer qu'il ne le soit pas. Je suis syndiqué et ces types sont des briseurs de syndicats. Tout cela m’affecte profondément.»
Malgré le refus des démocrates de parler du génocide en cours à Gaza et des attaques contre les manifestants pro-palestiniens, la défense de la liberté d'expression et l'opposition au génocide étaient des sentiments très présents aux manifestations de Washington.
«C'est vraiment terrible. J'ai l'impression que la situation va s'aggraver et que le gouvernement va commencer à expulser qui bon lui semble», a ajouté Bryce.
D'autres manifestants ont insisté sur la nécessité d'une solidarité internationale de la classe ouvrière. Jana, présente à la manifestation organisée près du Washington Monument, a déclaré: «La classe ouvrière doit vraiment comprendre que nous devons faire front commun. Nous devons nous unir contre cette tyrannie, contre ce fascisme.»
«Ces droits de douane vont nuire à tout le monde» a-t-elle déclaré, «pas seulement à la classe ouvrière américaine, mais à la classe ouvrière du monde entier. Nous sommes solidaires de nos frères et sœurs du monde entier. Et il est temps que la classe ouvrière se mobilise.»
À Baltimore, une foule d'un millier de travailleurs fédéraux protestataires s'est rassemblée devant l'hôtel de ville tandis que les membres démocrates du conseil municipal et les bureaucrates syndicaux tentaient d'apaiser la foule rassemblée.
De nombreux manifestants portaient des pancartes plaidant un soutien à Kilmar Garcia, un résident du Maryland récemment enlevé et expulsé vers le Salvador. La colère suscitée par ces expulsions était aussi vive que celle suscitée par Musk et les oligarques. Nombre de ceux qui ont parlé aux représentants du World Socialist Web Site ont exprimé leur frustration face à un Parti démocrate qui «facilitait» le déchaînement antidémocratique de Trump et ont manifesté leur accord général avec la perspective d'unir la classe ouvrière internationale contre le capitalisme, cause profonde de l'oligarchie et de la dictature.
Plus de 30 000 personnes manifestent à Chicago, des milliers d'autres dans l'Illinois et l'Indiana
À Chicago, environ 30 000 personnes se sont rassemblées dans le centre-ville, débordant de la place et déferlant dans les rues environnantes pour manifester. La manifestation était organisée, entre autres, par l'organisation Indivisible, affiliée au Parti démocrate. De nombreuses autres manifestations ont eu lieu dans des villes plus petites de l'Illinois.

Les reporters du WSWS se sont entretenus avec des enseignants de l'Illinois et de l'Indiana, des employés des Instituts nationaux de la santé (NIH) et d'autres personnes. Une section d'employés fédéraux du Trésor américain était présente de manière organisée. Plusieurs manifestants ont déclaré au WSWS qu'ils étaient motivés par la défense des droits démocratiques, notamment le droit à la dissidence et le respect de procès réguliers.
La colère et le mécontentement se sont exprimés avec force face à la collaboration du Parti démocrate avec l’administration Trump, à son soutien au génocide de Gaza et à son rôle dans la répression des manifestations étudiantes.

Beaucoup ont dénoncé le régime oligarchique et exprimé leur inquiétude quant au sort de programmes sociaux essentiels comme Medicaid et la Sécurité sociale. Des familles entières étaient également présentes, et des parents se sont approchés du stand SEP/IYSSE pour acheter des pancartes et exprimer leurs craintes quant à l'avenir de leurs enfants.
Des dizaines de milliers de personnes manifestent contre le fascisme à New York et dans le New Jersey
Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues autour de Bryant Park à Manhattan, remplissant les rues les unes après les autres pour s'opposer à la dictature de Trump. La foule a défilé jusqu'à Madison Square Park. Beaucoup de participants portaient des pancartes peintes à la main sur lesquelles on pouvait lire : « D'abord, ils sont venus pour Mahmoud », « Expulsez Elon», « Sans procédure régulière, nous ne sommes pas une démocratie », « Arrêtez les attaques contre la science ! » et « Il y a de l'espoir – unissons-nous ! »

Dans le New Jersey, plus de 20 manifestations ont eu lieu dans tout l'État. Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés devant le bâtiment municipal et le long de la principale artère commerçante de Bloomfield, une banlieue de Newark d'environ 50 000 habitants. Les manifestants brandissaient des pancartes faites main dénonçant les attaques de Trump contre la Constitution, s'opposant à l'assaut brutal contre les immigrants, au régime oligarchique et au démantèlement des services gouvernementaux. Au milieu de chants « Trump doit partir » et « Démocratie oui, fascisme non », un flot ininterrompu d'automobilistes klaxonnaient en signe de solidarité.

À Maplewood, une autre petite banlieue de Newark, des centaines d'autres personnes se sont rassemblées à la gare sous la pluie et ont défilé dans le centre-ville, avant de monter à bord du train pour rejoindre la manifestation plus large à New York.
Des manifestants se sont également rassemblés dans d'autres parties de l'État, notamment dans la capitale Trenton et à Atlantic City.
Plus de 35 000 manifestants à Boston, la plus grande manifestation depuis 2017
Au moins 35 000 personnes – certaines estimations évoquant un nombre supérieur de plusieurs dizaines de milliers – se sont rassemblées à Boston Common et ont marché jusqu'à City Hall Plaza lors de la plus grande manifestation anti-Trump depuis la Marche des femmes de janvier 2017. Les pancartes étaient dominées par des slogans comparant Trump à un dictateur et défendant la liberté d'expression.

Parmi les intervenants au rassemblement de Boston figuraient des responsables syndicaux ainsi que le sénateur démocrate Ed Markey et la maire de Boston Michelle Wu. Les démocrates Markey et Wu ont évité de faire remarquer la culpabilité de la gouverneure démocrate de l'État, Maura Healy, dans l'exécution de la récente rafle de centaines d'immigrants par l'administration Trump dans les rues de l’État.
Ailleurs en Nouvelle-Angleterre, environ 8 000 personnes ont manifesté à Providence, et d'importantes manifestations ont eu lieu à Portsmouth et Concord, dans le New Hampshire. Des manifestations ont eu lieu dans des dizaines d'autres grandes villes et de villes plus petites de la région.
Halte à la dictature de Trump ! Construisons un mouvement de la classe ouvrière pour le socialisme !
Les partisans et les membres du Parti de l'égalité socialiste (États-Unis) ont distribué des milliers de tracts concernant la déclaration ci-dessous lors de rassemblements à travers les États-Unis le 5 avril 2025.
Partout aux États-Unis, des centaines de milliers de personnes doivent manifester samedi contre l'administration Trump. Les manifestations ont lieu dans toutes les villes du pays et s'inscrivent dans un sentiment de défiance et de colère généralisé parmi les travailleurs et les jeunes.
Des millions de personnes sont horrifiées par les attaques contre les immigrants, les atteintes à la liberté d'expression et la guerre génocidaire à Gaza, et elles veulent riposter. Mais la détermination à résister doit être guidée par une compréhension claire de ce qui se passe, de ses origines et des mesures à prendre pour y mettre fin.
Il faut énoncer la situation avec la plus grande clarté : l’administration Trump s’emploie systématiquement et délibérément à instaurer une dictature. Elle met en œuvre un programme fasciste visant à abolir les droits démocratiques fondamentaux, à consolider un pouvoir exécutif sans contrôle et à écraser toute opposition. Ce programme vise avant tout la classe ouvrière. Ce qui est testé aujourd’hui sur les étudiants et les immigrés sera utilisé demain pour réprimer les travailleurs en grève, l’opposition sociale et la dissidence politique sous toutes leurs formes.
Sur les campus universitaires du pays, un règne de terreur s'est déjà installé. Des manifestants pacifiques sont surveillés, arrêtés, détenus et expulsés pour s'être opposés au génocide de Gaza soutenu par les États-Unis. Dans le cadre du programme de surveillance « Catch and Revoke », basé sur l'IA, les publications et déclarations publiques des étudiants sur les réseaux sociaux sont surveillées par le Département d'État afin d'identifier les personnes à expulser.
Momodou Taal, doctorant à Cornell, a été contraint de quitter le pays cette semaine après que des agents fédéraux ont tenté de l'arrêter pour avoir contesté les décrets présidentiels de Trump devant les tribunaux. Mahmoud Khalil, étudiant diplômé de Columbia et résident permanent légal, est toujours détenu par l'ICE. D'autres personnes, dont la boursière Fulbright Rumeysa Öztürk, ont été enlevées en plein jour par des agents fédéraux masqués.
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(Article paru en anglais le 6 avril 2025)