Non à l’austérité, la guerre impérialiste, Trump et « Équipe Canada » ! Il faut unir les travailleurs canadiens, américains et mexicains dans une lutte pour une Amérique du Nord socialiste !

Les chefs des principaux partis en lice pour les élections fédérales du 28 avril au Canada. De gauche à droite : Mark Carney, premier ministre et chef du Parti libéral, Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur, Jagmeet Singh, chef du NPD, et Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois. [AP Photo/AP, TVA Nouvelles]

La campagne électorale fédérale canadienne se déroule dans le contexte de la plus grande crise du capitalisme mondial depuis la Grande Dépression, qui a culminé avec la Deuxième Guerre mondiale impérialiste, l'Holocauste et l'incinération nucléaire d'Hiroshima et de Nagasaki.

La réponse des classes dirigeantes américaine et canadienne et de leurs homologues impérialistes au niveau mondial à la crise systémique du capitalisme est le démantèlement des droits sociaux et démocratiques des travailleurs, l'autoritarisme et la guerre. L'objectif de la classe ouvrière doit être le développement d'un mouvement international unifié pour le socialisme.

Le président dictateur en puissance des États-Unis, Donald Trump, a lancé une guerre commerciale mondiale qui ébranle l'économie nord-américaine et mondiale, provoquant des suppressions d'emplois et des hausses de prix qui auront un impact désastreux sur les travailleurs du monde entier.

Trump a frappé le Canada et le Mexique, les prétendus partenaires continentaux des États-Unis dans le cadre du pacte de « libre-échange », par une avalanche de droits de douane, et il a promis d'utiliser la « force économique » pour faire du Canada le 51e État des États-Unis.

Les syndicats et le Nouveau Parti démocratique (NPD), les organisations qui prétendent parler au nom de la classe ouvrière, ont réagi à ces développements en se ralliant à « Équipe Canada » de la classe dirigeante. Ceux qui sont maintenant à sa tête sont Mark Carney, l'ancien banquier central et nouveau premier ministre libéral, et le premier ministre progressiste-conservateur de l'Ontario, Doug Ford, qui était jusqu'à récemment un partisan de Trump. Sous leur direction, le Canada échange des coups de boutoir tarifaires avec Washington, Ford se vantant à plusieurs reprises de la douleur qu'ils infligeront aux travailleurs américains.

Les affirmations, promues avec empressement par les syndicats et le NPD, selon lesquelles « Équipe Canada » se bat pour les emplois des travailleurs et que « nous sommes tous dans le même bateau » sont une monstrueuse supercherie.

La classe dirigeante canadienne s'oppose à Trump uniquement pour défendre ses profits et ses privilèges. Son objectif est d'assurer à l'impérialisme canadien une place dûment reconnue en tant que partenaire junior dans la Forteresse Amérique du Nord dirigée par Trump, qui vise à affirmer l'hégémonie mondiale des États-Unis.

Derrière le drapeau nationaliste, la classe dirigeante s'apprête à mettre en œuvre un vaste assaut contre la position sociale de la classe ouvrière. Le renforcement de la « résilience économique » et de la « souveraineté » du Canada se traduira par une exploitation accrue des travailleurs et un réarmement massif en vue de la guerre.

Les travailleurs doivent intervenir indépendamment dans cette crise avec leur propre programme et stratégie socialiste pour défendre leurs intérêts de classe, qui ne peuvent être réconciliés avec ceux du capital canadien et de Trump. Ils ne doivent pas se laisser entraîner dans un conflit prédateur de cliques capitalistes rivales qui se déroulera sur le dos des travailleurs d'Amérique du Nord et du monde. Au contraire, ils doivent forger l'unité avec les travailleurs des États-Unis, du Mexique et d'ailleurs dans la lutte pour défendre et garantir les emplois et les droits sociaux et démocratiques de tous les travailleurs.

Pour défendre ce programme, les travailleurs doivent construire de nouvelles organisations de lutte de classe, en opposition politique aux syndicats et au NPD. Si le prochain gouvernement est dirigé soit par le serviteur des oligarques Carney, soit par le démagogue d'extrême droite Pierre Poilievre, c'est parce que les syndicats et le NPD ont systématiquement étouffé la lutte des classes. Le rôle des bureaucrates syndicaux dans « Équipe Canada » est la continuation et l'intensification de leur intégration corporatiste de plusieurs décennies avec le patronat et l'État, qui les a vus imposer une série de reculs contractuels, mettre en œuvre des réductions d'emplois dévastatrices dans l'industrie de base et saboter la résistance de masse de la classe ouvrière à l'austérité. Au cours des cinq dernières années, les syndicats et le NPD ont soutenu le gouvernement libéral de Trudeau alors qu'il menait la guerre, brisait les grèves, imposait la baisse des salaires réels et présidait à la politique désastreuse de « profits avant la vie » concernant la pandémie de COVID-19.

Guerre commerciale, guerre mondiale impérialiste et effondrement du capitalisme

Il y a quelques semaines encore, l'élite dirigeante canadienne saluait l'impérialisme américain comme son plus proche allié et le « chef de file de l'ordre mondial fondé sur des règles ». Aujourd'hui, ses représentants dénoncent Trump pour avoir ruiné le partenariat économique et militaro-stratégique le plus étroit du monde, pour avoir convoité le territoire et les ressources du Canada et pour avoir mis en péril l'avenir de l'alliance impérialiste de l'OTAN et du commerce mondial. Mais on cherche en vain une explication sérieuse à ce changement brutal. Les menaces du président américain d'annexer le Canada et de lancer une guerre commerciale mondiale sont simplement attribuées à sa malveillance individuelle et à son ignorance.

Le programme de Trump est certes fou, mais il correspond à une logique de classe bien définie. Il est un authentique représentant de l'oligarchie financière américaine, qui exerce une domination étouffante sur la vie socio-économique, et qui s'empare maintenant du contrôle direct de l'État pour affirmer sans pitié l'hégémonie mondiale de Washington et imposer une contre-révolution sociale à l'intérieur du pays. La volonté du putschiste du 6 janvier 2021 d'instaurer une dictature fasciste pour poursuivre la guerre mondiale et la guerre de classe est l'expression la plus avancée d'un tournant de toutes les classes dirigeantes impérialistes vers la guerre et l'autoritarisme. L'élite dirigeante allemande renoue avec son héritage nazi en adoptant un vaste programme de réarmement et en promouvant systématiquement le parti fasciste Alternative pour l'Allemagne. En France, le « libéral » Macron a passé outre le parlement et déclenché des violences policières massives pour imposer des réductions dévastatrices des retraites afin de payer la guerre, et il est de connivence avec le Rassemblement national d'extrême droite pour attaquer les immigrés et imposer l'austérité.

La guerre commerciale mondiale de Trump n'est que l'un des fronts d'une campagne frénétique des États-Unis et de tous les États impérialistes visant à rediviser le monde. Chacun est en lutte contre tous, rivaux et supposés « alliés », pour s'emparer des ressources, des marchés, des réseaux de production et des territoires stratégiques. L'effondrement des relations entre le Canada et les États-Unis en est un exemple. Allié militaire et stratégique le plus proche des États-Unis pendant plus de huit décennies, Ottawa est désormais la cible d'une annexion par Washington, dans le cadre d'une nouvelle ère d'expansion territoriale américaine.

Comme dans les années 1930, la guerre commerciale actuelle, en l'absence d'une intervention politique indépendante de la classe ouvrière, s'avérera être l'antichambre d'une guerre mondiale.

Les conflits entre les impérialistes et les grandes puissances sont enracinés dans les contradictions objectives du capitalisme en crise : entre une économie mondiale de plus en plus intégrée et la division du monde en États-nations rivaux, et la production de masse socialisée et la concentration des moyens de production entre les mains de quelques oligarques et entreprises géantes.

Le fait que cette crise mondiale soit centrée sur les États-Unis révèle son caractère insoluble. Longtemps principal rempart de la stabilité capitaliste mondiale, les États-Unis sont devenus la principale source de conflits et de déséquilibres mondiaux. Pour conserver sa position de première économie mondiale, de centre de la finance mondiale et de poste de pilotage de la domination impérialiste, la classe dirigeante américaine utilise son écrasante supériorité militaire et sa puissance économique résiduelle pour imposer impitoyablement ses intérêts partout et contre tous. D'où sa volonté de s'assurer un contrôle débridé sur son « voisinage », du Canada et du Groenland au canal de Panama, qu'elle considère comme des tremplins vers la guerre avec la Chine et la Russie. L'un des principaux objectifs de la guerre commerciale de Trump, franchement énoncé dans les documents du ministère américain du commerce, est de relocaliser sur son territoire les chaînes de production militaro-industrielles.

L'impérialisme canadien est un protagoniste du redécoupage du monde, tout comme il l'a été lors des deux guerres mondiales du siècle dernier. Au cours des dernières décennies, sous les gouvernements conservateurs et libéraux, le Canada a participé à une série de guerres d'agression et d'opérations de changement de régime menées par les États-Unis, à commencer par le bombardement de la Yougoslavie par l'OTAN en 1999 et l'invasion et l'occupation de type colonial de l'Afghanistan. Le Canada a ensuite joué un rôle majeur dans la guerre menée par les États-Unis et l'OTAN contre la Russie en Ukraine, à l'instigation des puissances occidentales, et a apporté un soutien inconditionnel au génocide des Palestiniens par Israël.

L'option préférée de la bourgeoisie canadienne est de poursuivre cette alliance de guerre et de pillage en étant « derrière les murs de Trump », comme l'a dit le Globe and Mail, le porte-parole de Bay Street, pendant son premier mandat. En effet, l'une des principales plaintes de la bourgeoisie canadienne à l'encontre de Trump est qu'ils devraient combattre ensemble la Chine, par le biais de ce que Ford a appelé une Forteresse Am-Can, et non mener une guerre commerciale l'un contre l'autre.

Les dirigeants libéraux et conservateurs Carney et Poilievre, sous leurs bannières respectives « Canada fort » et « Canada d’abord », ont accepté l'offre de Trump de négocier une nouvelle alliance économique et de sécurité avec Washington dès la fin des élections. Toutefois, en guise de « couverture » et pour avoir un effet de levier dans ces négociations, Carney a commencé à établir des liens plus étroits avec les puissances européennes sur la base de leur résolution commune à poursuivre la guerre contre la Russie à tout prix et de la perspective de voir le patronat Canada aider la campagne de réarmement massive de l'Europe et en profiter.

Le NPD, qui a pleinement soutenu le rôle du Canada dans la guerre contre la Russie et son intégration dans l'offensive militaro-stratégique américaine contre la Chine, se prononce désormais en faveur d'un plan de réarmement « fabriqué au Canada ». Comme Carney, il est également favorable à une coopération accrue avec les impérialismes allemand, français et britannique.

D'autres fractions de la classe dirigeante, en particulier en Alberta et au Québec, se sont dissociées d’« Équipe Canada » et cherchent à conclure leurs propres accords avec Trump pour promouvoir leurs intérêts mercantiles respectifs. La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a présenté à Trump un plan visant à mettre les vastes richesses énergétiques de la province au service de son objectif avoué de parvenir à une « domination énergétique » mondiale.

Les travailleurs doivent s'opposer à Trump, mais ils ne peuvent pas le faire en soutenant la bourgeoisie canadienne ou l'une de ses fractions rivales dans leurs manœuvres pour obtenir leur « juste part » du butin de l'exploitation capitaliste et pour conclure un meilleur accord avec Washington.

La seule réponse progressiste à Trump, à son nationalisme prédateur de l’Amérique d’abord et à la volonté impérialiste de repartager le monde dont il est l'expression la plus vulgaire et la plus directe, est la mobilisation des travailleurs du Canada, des États-Unis et du Mexique dans une lutte commune pour la prise du pouvoir politique des travailleurs et la construction d'un mouvement anti-guerre mondial de la classe ouvrière pour mettre fin au capitalisme.

  • Non à la guerre commerciale, au nationalisme économique et à la guerre mondiale impérialiste !

  • Il faut s’opposer à la menace de Trump d'annexer le Canada ! À bas l'impérialisme canadien !

  • Abolissons l'OTAN et le NORAD ! Stop au génocide de Gaza ! Les dizaines de milliards de dollars destinés au militarisme et à la guerre doivent être saisis pour répondre aux besoins sociaux urgents de la classe ouvrière !

  • Pour un mouvement anti-guerre international dirigé par la classe ouvrière, unissant les travailleurs du Canada, des États-Unis, du Mexique, de la Chine et d'ailleurs dans la lutte contre la barbarie capitaliste !

La supercherie des « valeurs canadiennes » et l'assaut contre les droits démocratiques et sociaux des travailleurs

En exhortant les travailleurs à se rallier à la classe dirigeante dans sa guerre commerciale, la principale fédération syndicale du pays, le Congrès du travail du Canada, a déclaré : « Ce qui fait de nous des Canadiens, c'est notre foi inébranlable dans la collectivité, dans le fait que nous prenons soin les uns des autres, que personne n'est laissé pour compte. Aujourd'hui plus que jamais, nous devons vivre ces valeurs. »

L'affirmation selon laquelle le Canada a un capitalisme plus « progressiste » ou « plus gentil » que la république du dollar rapace au sud a toujours été un mensonge, utilisé pour lier politiquement les travailleurs à la classe dirigeante. C'est encore plus vrai aujourd'hui.

Même s'ils craignent et décrient Trump, le patronat canadien et ses porte-parole politiques considèrent que le dictateur en puissance à la Maison-Blanche leur offre une occasion en or de déployer leur propre campagne de « choc et d'effroi » pour mettre en œuvre les politiques de guerre de classe qu’ils exigent depuis longtemps. Au nom du « renforcement » du Canada, les groupes de réflexion et les médias réclament à cor et à cri une série de mesures à la Trump. Celles-ci comprennent : des réductions d'impôts massives pour les grandes entreprises et les riches ; l'élimination de toutes les contraintes environnementales et réglementaires sur le capital ; des réductions massives des dépenses sociales ; et, comme le préconise le Conseil canadien des chefs d'entreprise, l'augmentation rapide des dépenses militaires pour atteindre au moins 3% du PIB ou plus de 100 milliards de dollars par an.

Dans la mesure où il existe des différences entre les services publics et la politique sociale au Canada et aux États-Unis, elles sont dues à la lutte des classes et non aux « valeurs canadiennes ». Dans les années 1960 et 1970, alors que le boom de l'après-guerre s'effondrait, les travailleurs canadiens ont réussi à arracher des concessions à la bourgeoisie canadienne, comparativement plus faible, grâce à une vague de luttes militantes, mais politiquement limitées, y compris de nombreuses grèves sauvages.

Des travailleurs de Postes Canada font du piquetage à Niagara-on-the-Lake, en Ontario, pendant leur grève de quatre semaines, qui a été interrompue par le gouvernement Trudeau à l'aide d'une « réinterprétation » bidon de l'article 107 du Code canadien du travail.

La classe dirigeante a récupéré la quasi-totalité de ces concessions au cours des quatre dernières décennies et, en 2025, les mêmes processus fondamentaux à l'œuvre aux États-Unis et dans le monde façonnent et limitent inexorablement les conditions de vie des travailleurs canadiens. L'inégalité sociale a atteint des niveaux sans précédent : quelque 67 milliardaires possédaient des actifs d'une valeur combinée de 299,5 milliards de dollars en mars 2025, selon Forbes. Pendant ce temps, des millions de travailleurs et leurs familles à travers le pays luttent avec le soutien des banques alimentaires pour joindre les deux bouts. La dernière enquête de MNP sur l'endettement personnel indique que la moitié des Canadiens sont à 200 dollars ou moins de ne pas pouvoir faire face à leurs obligations financières mensuelles.

L'immense fossé entre les super-riches et la classe ouvrière, ainsi que les tensions nationales et internationales croissantes engendrées par la crise capitaliste, poussent l'oligarchie financière au Canada, comme aux États-Unis, à se tourner vers des formes autoritaires de gouvernement. La normalisation de l'utilisation de la « clause dérogatoire », qui permet aux gouvernements de violer les droits démocratiques fondamentaux censés être garantis par la Charte canadienne des droits et libertés, l'abolition en pratique du droit de grève, la répression policière des manifestants contre le génocide de Gaza et la promotion des forces d'extrême droite et fascistes : tous ces développements révèlent la putréfaction de la démocratie bourgeoise au Canada.

Les dirigeants des quatre partis fédéraux officiellement représentés au dernier Parlement incarnent parfaitement les « valeurs » antidémocratiques du capitalisme canadien.

Le premier ministre libéral Carney a passé toute sa vie d'adulte à servir directement les intérêts de l'oligarchie financière. De 2008 à 2020, il a présidé à une austérité brutale pour la classe ouvrière et à de gigantesques renflouements pour les grandes entreprises, alors qu'il était gouverneur de la Banque du Canada, puis de la Banque d'Angleterre, sous des gouvernements conservateurs de droite dure. Il a ensuite été administrateur de nombreuses sociétés, notamment en tant que président de Brookfield Asset Management, l'une des plus grandes sociétés d'investissement du capitalisme canadien.

Poilievre est apparu à la tête des conservateurs comme le plus fervent partisan du Convoi de la liberté, dirigé par des fascistes, qui, avec le soutien de sections clés de la classe dirigeante, a occupé le centre-ville d'Ottawa pendant près d'un mois au début de 2022 pour exiger l'abandon de toutes les mesures de santé publique COVID qui restaient. Il est connu pour combiner des attaques de type Trump contre les immigrants avec des promesses de réduire les impôts, les réglementations commerciales et toutes les autres restrictions à l'accumulation des profits.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a soutenu à fond la guerre des États-Unis et de l'OTAN contre la Russie, y compris en couvrant l'alliance de l'impérialisme canadien avec le fascisme ukrainien, vieille de plusieurs décennies. Son NPD a soutenu le gouvernement libéral de Trudeau pendant cinq ans, alors qu'il évoluait de plus en plus à droite. Et il a continué à le faire l'année dernière, alors qu'Ottawa s'arrogeait le pouvoir d'interdire les grèves des travailleurs des chemins de fer, des ports et des postes, sur la base d'une réinterprétation manifestement illégale et inventée d'une obscure section du Code canadien du travail.

Yves-François Blanchet dirige le Bloc Québécois qui, avec son parti frère provincial, le Parti Québécois, a lancé une campagne d'agitation agressive contre les immigrants. Les séparatistes québécois veulent établir un Québec « indépendant » fondé sur un nationalisme exclusiviste d'extrême droite : un État qui permettrait à l'élite patronale de conclure un accord direct avec Wall Street et de servir d'allié loyal des États-Unis au sein de l'OTAN et de NORAD.

  • La classe ouvrière doit mener la lutte pour défendre les droits démocratiques !

  • Défendons les droits des immigrés ! Non à la chasse aux sorcières contre les réfugiés et à la promotion du chauvinisme canadien et québécois !

  • Il faut bâtir un mouvement de masse pour défier les interdictions de grève antidémocratiques, y compris l'utilisation arbitraire de l'article 107 du Code canadien du travail et la loi anti-grève imminente du gouvernement du Québec, le projet de loi 89 !

La résurgence de la lutte des classes et la lutte pour les comités de base

Au Canada, comme partout dans le monde, l'effondrement du capitalisme sous toutes ses formes manifestes – de la guerre à la dévastation de l'environnement, en passant par la propagation de l'insécurité alimentaire et de l'itinérance – alimente une résurgence de la lutte des classes.

Depuis l'automne 2021, des millions de travailleurs de tous les secteurs de l'économie et de toutes les régions du pays ont pris le chemin des piquets de grève, dans le cadre de la plus grande vague de grèves depuis des décennies. Mais malgré le militantisme et l'abnégation des travailleurs, cette contre-offensive de la classe ouvrière n'a manifestement pas réussi à enrayer la baisse du niveau de vie des travailleurs, la dégradation des conditions de travail ou le démantèlement des services publics, qui durent depuis des décennies.

Les travailleurs se sont toujours heurtés à deux obstacles : l'État capitaliste, qui intervient par des ordonnances de retour au travail ou des menaces imminentes de telles ordonnances lorsque les travailleurs sont en position de force, et le sabotage mené par les syndicats.

Photo des bureaucrates syndicaux qui ont participé au sommet économique national de la guerre commerciale organisé par Trudeau le 7 février. Au premier rang, troisième à partir de la gauche, la présidente du CTC, Bea Bruske ; à sa gauche, la présidente d'Unifor, Lana Payne. [Photo: X/Bea Bruske]

Les syndicats démobilisent et divisent systématiquement les travailleurs, en fonction des sections et des régions du Canada. Depuis des décennies, ils opposent les travailleurs canadiens à leurs frères et sœurs de classe internationaux dans une course vers le bas, en particulier dans le secteur de l'automobile et d'autres secteurs manufacturiers. En 2022 et 2023, la bureaucratie syndicale des deux côtés de la frontière canado-américaine a fait tout ce qui était en son pouvoir pour bloquer les luttes conjointes des cheminots, des débardeurs et des ouvriers de l'automobile, même si les conventions collectives expiraient simultanément des deux côtés de la frontière et que les travailleurs étaient, dans certains cas, membres du même syndicat. Tandis que les syndicats maintenaient la division entre les travailleurs canadiens et américains, les gouvernements Biden et Trudeau organisaient des consultations transfrontalières avec les organisations patronales et les bureaucrates syndicaux dans le cadre d'une action coordonnée visant à bloquer les luttes à l'échelle de l'Amérique du Nord dans les secteurs économiques essentiels à la guerre contre la Russie et aux profits de la grande entreprise .

Les syndicats ont depuis longtemps renoncé à toute association avec la lutte des classes. Ils sont dirigés par une caste de bureaucrates privilégiés dont les intérêts sont hostiles à ceux des travailleurs qu'ils prétendent représenter. Ils insistent sur le fait que les emplois, les salaires et – comme la pandémie l'a tragiquement démontré – les vies des travailleurs doivent être subordonnés au profit capitaliste et à un taux de rendement « compétitif à l'échelle mondiale » pour les investisseurs.

Cela s'exprime juridico-politiquement par 1) leur insistance sur le fait que les travailleurs doivent confiner leurs luttes dans le carcan du système de négociation collective réglementé par l'État et favorable aux employeurs ; 2) leur subordination des travailleurs aux partis politiques capitalistes ; et 3) leur participation à une foule d'organes corporatistes, tripartites, syndicaux, commerciaux et gouvernementaux, y compris ceux qui élaborent la stratégie des entreprises canadiennes pour la guerre commerciale mondiale. Soulignant qu'il s'agit d'un phénomène mondial, les syndicats américains, menés par l'UAW, approuvent les mesures de guerre commerciale de Trump, tandis que les syndicats européens soutiennent les efforts de l'élite dirigeante pour faire passer les industries civiles à la production d'armes.

Le PES lutte pour que les travailleurs de chaque lieu de travail créent des comités de base, complètement indépendants des appareils syndicaux et dirigés par les travailleurs eux-mêmes. Grâce à ces comités, les travailleurs pourront partager des informations, contrer le sabotage des bureaucrates syndicaux et relier leurs luttes à travers les lieux de travail, les industries et les frontières nationales afin de mobiliser l'immense pouvoir social des travailleurs.

Le PES soutient l'Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC), qui a été créée pour unir les travailleurs du monde entier et coordonner leurs luttes en opposition au nationalisme toxique de la bureaucratie syndicale. Alors que des centaines de milliers d'emplois sont menacés par l'intensification de la guerre commerciale, l'IWA-RFC fournit aux travailleurs de tous les pays les moyens de défendre tous les emplois, tous les salaires et toutes les conditions de travail.

  • Non au soutien des syndicats à la guerre commerciale, au protectionnisme économique et aux partenariats corporatistes avec les grandes entreprises et les gouvernements de l'État fédéral de l'impérialisme canadien !

  • Les travailleurs doivent prendre en main toutes leurs luttes, qu'il s'agisse de leurs conditions d'emploi ou des suppressions d'emplois et des fermetures d'usines liées à la guerre commerciale ! Créons des comités de base pour placer le pouvoir là où il doit être : entre les mains des travailleurs dans l’atelier !

  • Les banques et toutes les grandes entreprises doivent être transformées en propriété publique et sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière ! Exproprions les fortunes des oligarques milliardaires ! La classe ouvrière doit contrôler la richesse sociale qu'elle produit !

Les travailleurs ont besoin d'un nouveau parti pour prendre le pouvoir et bâtir une Amérique du Nord socialiste

Quel que soit le parti ou la combinaison de partis qui formera le prochain gouvernement du Canada, ce sera un gouvernement de crise. Il arrivera au pouvoir alors que Trump menace de prendre le contrôle du pays et que la guerre commerciale fait rage, et il sera engagé dans la guerre impérialiste et la réaction sociale. Des luttes sociales convulsives s'ensuivront rapidement.

Si la classe ouvrière veut intervenir, un changement radical de son orientation politique est nécessaire de toute urgence.

La question centrale est le développement d'une direction révolutionnaire. La classe ouvrière a besoin de son propre parti socialiste de masse, indépendant de tous les partis capitalistes et opposé à eux, et orienté vers la lutte pour une Amérique du Nord socialiste. C'est ce parti que le PES s'efforce de construire. Nous menons cette lutte en opposition à toutes les tentatives de diviser la classe ouvrière sur des bases nationalistes, régionales ou ethniques, y compris par la promotion de la politique identitaire.

Trump est une menace pour les travailleurs du Canada et du monde. Mais les travailleurs ne peuvent pas le combattre, lui et tout ce qu'il représente – l'oligarchie, la dictature et la guerre impérialiste – en s'alignant sur la bourgeoisie canadienne, l'une ou l'autre de ses fractions rivales ou de ses représentants politiques.

Ils doivent plutôt affirmer leurs intérêts de classe indépendants en forgeant un mouvement pour la prise du pouvoir et en luttant pour fusionner leurs luttes avec l'opposition de masse à Trump qui émerge actuellement au sein de la classe ouvrière américaine. Les travailleurs canadiens doivent aider leurs collègues américains à se libérer du Parti démocrate, qui, pas moins que les Républicains fascistes de Trump, est un parti de Wall Street et de la CIA, et de ses alliés syndicaux.

Le mouvement transfrontalier doit être le fer de lance de la lutte pour une Amérique du Nord socialiste unie. Ce cadre fournira à la classe ouvrière les moyens d'utiliser les vastes augmentations de la productivité du travail, rendues possibles par la production mondialisée et la révolution technologique qui la sous-tend, pour répondre aux besoins sociaux urgents et libérer le progrès de l’humanité. C'est la base pour libérer les forces productives des entraves de l'État-nation et de la production pour le profit, et pour mettre fin à leur utilisation abusive sous le capitalisme, ne servant qu’à enrichir quelques-uns, à intensifier l'exploitation des travailleurs et à construire des armes de destruction massive encore plus meurtrières.

Dans un premier temps, les travailleurs doivent répudier l'alliance entre les syndicats, le NPD et les libéraux. Pendant des décennies, les travailleurs ont été incités à soutenir les partis dits « progressistes » comme étant le seul moyen d'empêcher l'arrivée au pouvoir de gouvernements ultraconservateurs. En réalité, tous les partis sont des défenseurs impitoyables du capital canadien. La rivalité parlementaire entre eux est un mécanisme crucial de la domination de classe, utilisé pour manipuler et étouffer le mécontentement social, afin d'imposer les diktats du grand capital.

Les travailleurs peuvent s'inspirer des traditions de lutte commune de la classe ouvrière nord-américaine, qui remontent à la lutte pour la journée de travail de 10 heures au 19e siècle, pour rompre politiquement avec l'alliance entre les syndicats, le NPD et les libéraux. Tous les grands bouleversements de la classe ouvrière en Amérique du Nord – des Chevaliers du travail aux grèves sur le tas des années 1930, en passant par les luttes sociales de masse des années 1960 – ont galvanisé le soutien de part et d'autre de la frontière canado-américaine, y compris parmi les travailleurs francophones du Québec. Aujourd'hui, la tâche consiste à s'approprier les meilleurs éléments de ces traditions et à leur insuffler un contenu socialiste nouveau et plus élevé.

Comme la guerre commerciale de Trump l'a si bien démontré, les travailleurs canadiens, américains et mexicains sont exploités par les mêmes multinationales géantes et sont impliqués dans la production intégrée de nombreuses marchandises, des voitures aux produits alimentaires. Aux côtés du PES américain et de nos collègues du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), le PES se bat pour que l'unité objective des travailleurs nord-américains devienne une stratégie révolutionnaire consciente. À la Forteresse Amérique du Nord et aux ambitions prédatrices de l'impérialisme américain et canadien, qu'il s'agisse de partenaires ou de rivaux acharnés, nous opposons la mobilisation de la classe ouvrière dans la lutte pour des gouvernements ouvriers dans une Amérique du Nord socialiste unie, en tant que partie intégrante d'une fédération socialiste mondiale.

Cette perspective, fondée sur les intérêts de classe communs des travailleurs du monde entier, est la seule réponse viable à l'effondrement du capitalisme. Chaque problème auquel l'humanité est confrontée, de la guerre à la catastrophe climatique, en passant par les pandémies et la ressuscitation du fascisme par la bourgeoisie, a une portée mondiale et ne peut être résolu que par un mouvement uni de la classe ouvrière internationale pour mettre fin au capitalisme.

Nous exhortons tous les travailleurs et les jeunes qui veulent lutter pour un avenir socialiste à adhérer au PES, à étudier son histoire de plusieurs décennies de lutte pour un programme socialiste et internationaliste, et à participer à sa construction en tant que parti de masse de la classe ouvrière.

(Article paru en anglais le 10 avril 2025)